THE SHOW MUST GO ON

Avec The Show Must Go On, Jérôme Bel dissèque les mécanismes du spectacle : il joue avec les attendus de la représentation et les effets miroirs entre danseurs et spectateurs. Un disc-jockey et dix-huit performeurs, la collection de disques de Jérôme Bel : tel est le dispositif du spectacle The Show Must Go On, composé d'une succession de chansons populaires issues des comédies musicales de Broadway (Hair, West Side Story) aux Beatles, David Bowie, Queen, John Lennon, Prince, Lionel Richie... Ici ce sont littéralement les paroles - et non la musique - de ces chansons pop (passées par le DJ Gilles Gentner au devant de la scène) qui donnent les instructions de la chorégraphie sans prétention et pourtant analytique de Bel, à travers une délicieuse remise en questions des conventions du théâtre et avec un sens de l'humour aigu. Provocatrice, cérébrale et drôle, la démarche minimaliste de Jérôme Bel annule la distance réconfortante qui existe entre l'interprète et le spectateur, mettant à mal la notion de virtuosité qui doit caractériser l'interprète, dans la lignée des chorégraphes américains de la Judson Church dans les années soixante. Le corps, dans toute sa maladresse naturelle et sa posture gauche, est porteur d'une signification culturelle de masse. Sur un mode résolument non dramatique, une relation entre les performeurs et les spectateurs s'installe, directe, intime, prégnante. Et la barrière entre la scène et le public tombe.