SI, VIAGGIARE

Voyager oui, mais comment ? Le scénario chorégraphique imaginé par Marco Berrettini, as des situations improbables, incite à décoller sans sourciller. Pas forcément en apesanteur mais à coup sûr hors des clous. Ils sont neuf cosmonautes pour tenter cette aventure. Une ascèse du mouvement extra ou infraterrestre ? Il aime voyager et aussi les navettes spatiales. L'idée d'une forme de vie intelligente sur d'autres planètes lui tient à cour, fantaisie qui perdure depuis l'enfance. Faire face à l'inconnu avec ce sentiment est ce qu'il tient à expérimenter avec les nouveaux interprètes de la compagnie Melk prod, qui ont déjà partagé avec lui, l'étrange sensation d'Ifeel, sa précédente pièce. Bizarrement implantés sur la minuscule planète Lena, les charmants et toxiques complices du chorégraphe manient le sens de l'absurde avec une incomparable dextérité. De micro-mondes en macro-gestes s'esquisse une partition détonante qui relève d'un certain art de la sphérologie. Bulles médiatiques et réalités fictions, récits scientifiques de la NASA, objets personnels et propos singuliers, depuis cette stratosphère spectaculaire, l'auteur, contaminé par son insondable matériau, enquête sur les comportements humains. Chercher un nouvel oxygène en contrepoint d'un certain malaise de la civilisation, n'est pas le moindre des sujets visités par le chorégraphe. Façon de s'extraire, non sans style, d'un paysage aux narrations cousues de fil blanc. Si, viaggiare, pose la question du tissage des liens communautaires selon une pensée-clé qui traverse l'ensemble des pièces du chorégraphe, celle du philosophe Peter Sloterdijk. Plus intimement, le spectacle de Marco Berrettini est porté par un état d'esprit particulier dû à l'observation d'un grand mouvement émergent, la loi du milieu.