PLATEAU HIP-HOP

Pour la deuxième année consécutive, le CNDC s'associe à Initiatives d'Artistes en Danses Urbaines pour présenter un plateau hip-hop ouvert à de jeunes chorégraphes. Il y a des structures qui ouvrent au quotidien pour la formation des artistes et leur insertion professionnelle : c'est le cas du CNDC qui, avec son école supérieure de danse contemporaine¬†- seule école nationale enseignant exclusivement la danse contemporaine - propose deux formations¬†: la Formation d'artiste chorégraphique et essais, comptant une trentaine d'étudiants. C'est aussi le cas, d'une autre manière, du programme Initiatives d'Artistes en Danses Urbaines. Lancé conjointement en 1998 par la Fondation de France et le Parc de la Villette, ce programme a été créé pour accompagner et promouvoir de jeunes chorégraphes en danse hip-hop souhaitant passer de la rue à la scène. À cette époque, il s'agissait de mettre en avant un mouvement émergent, qui par la richesse de ses gestuelles, représentait un possible renouveau des esthétiques en danse. Depuis, une centaine de compagnies a été suivie et soutenue sur l'ensemble du territoire national et a bénéficié des outils proposés en fonction des besoins : conseils artistiques, aide à la structuration, aide à l'écriture, coproductions, mise à disposition d'espaces de répétitions, présentations professionnelles d'extraits de spectacle en cours de création. Cet engagement envers la formation et la professionnalisation des jeunes chorégraphes étant également défendu et partagé par le CNDC, nous poursuivons et consolidons cette saison notre partenariat avec le programme IADU. Cette année, deux soirées consacrées à la danse hip-hop sont à l'honneur dans le T400 pour venir découvrir la richesse chorégraphique des jeunes talents en danses urbaines de demain. ISMES Sébastien Ramirez Sébastien Ramirez, danseur et chorégraphe, est né dans le Midi de la France de parents espagnols et catalans, il travaille entre Perpignan et Berlin. Sa partenaire Hyun-Jung Wang, également danseuse et chorégraphe, a, elle aussi, des racines diverses : de parents coréens, elle a grandit en Allemagne. Ensemble, ils développent leur propre vocabulaire technique, tout comme une dramaturgie spécifique qu'on pourrait définir comme du Tanztheater urbain. Un leitmotiv dans le travail de Sébastien est le rapport à l'Autre : quelle est le lien de l'individu au groupe, à la société ? Comment se construisent les murs et les limitations, comment pouvons-nous les dépasser ? Ces thèmes sont à la fois personnels pour chacun de nous, mais ils sont aussi inhérents à nos sociétés, ils sont d'une nature presque politique. Mais dans son travail de création, Sébastien réussit à transcender ces interrogations, il crée une synthèse accessible avec les moyens de la danse et du théâtre. Dans les créations précédentes, réalisées avec Hyun-Jung Wang : AP15, Monchichi et le quintet True Blue Market, ces thèmes étaient récurrents, abordés de différentes manières. Avec Mustapha Lehlouh alias Darwin, un bboy de la banlieue Nord de Paris, Sébastien présente un travail expérimental intitulé ismes - un suffix propre aux concepts et idéologies, si présent dans les courants politiques et artistiques du début du 20e siècle. Aujourd'hui, 100 ans plus tard, notre monde, nos sociétés, semblent à nouveau se refermer en dogmes et religions, on jauge la "valeur" de "civilisations", en créant de nouveaux ismes, en installant des frontières et limitations, avec ces difficultés de communiquer avec un esprit ouvert. Sébastien et Mustapha prennent ces idées comme point de départ de leur recherche chorégraphique, en interrogeant le mouvement et le rapport de deux dans l'espace. SADAKO Valentine Nagata-Ramos Une légende dit : Quiconque plie mille grues de papier verra son voeu exaucé. La grue en origami est devenue un symbole de paix en raison de cette légende et d'une petite fille japonaise appelée Sadako Sasaki. A 2 ans, Sadako fut exposée au rayonnement du bombardement atomique d'Hiroshima. Rien ne fut apparent jusqu'à ses 12 ans où on lui décela une leucémie. Ayant entendu la légende, elle décida de plier mille grues pour guérir. Elle mourut quelques mois plus tard après avoir plié seulement 644 grues. Ses compagnons de classe plièrent le nombre restant et elle fut enterrée avec la guirlande de mille grues. En mêlant butô, danse hip-hop et origami (art du pliage de papier), Valentine Nagata-Ramos s'inspire de ses origines et de cette légende pour raconter l'enfance et le cheminement vers l'âge adulte. La parole a cédé la place à l'espace silencieux des corps torturés par l'inhumanité. Le rappel à la vie, dans les accents douloureux du shakuhachi (flûte de bambou nippone) annonce un temps de reconstruction et d'espoir. L'envol de la grue est imminent dans le tourbillon final.