L'APRÈS-MIDI

Sentimental dans l'âme, Raimund Hoghe n'aime rien tant que les rencontres. Comme cet Après-midi avec le danseur Emmanuel Eggermont. Inviter dans ses pièces des compagnons d'aventure artistique le temps d'une création est chose fréquente dans la démarche de celui qui fut dix années le dramaturge de Pina Bausch. En témoigne ce solo, créé spécialement pour le jeune interprète Emmanuel Eggermont. L'évocation de l'une des grandes figures de la modernité en danse, Vaslav Nijinski et l'ouvre radicale qui a fait sa notoriété, L'Après-midi d'un faune, constituent la toile de fond dans laquelle évolue le danseur aux gestes mesurés, aux poses étirées dans l'attente. Ces états contemplatifs, qui semblent le retenir comme s'il était au bord d'un songe profond, alternent avec de lents déplacements. Gestes et attitudes sont ordonnés dans l'espace par des tracés précis et de minutieux rituels. Raimund Hoghe propose une lecture non littérale de la pièce créée en 1912 d'après le poème de Stéphane Mallarmé Prélude à l'après-midi d'un faune sur la musique de Claude Debussy. Le chorégraphe s'écarte de la version d'origine qui fit scandale en son temps pour se consacrer à des éléments moins connus que le célèbre personnage du faune ou le passage des charmantes sylphides. À la célèbre partition musicale, il rajoute des Lieder de Gustav Mahler. Et se réfère aussi à L'Après midi de Monsieur Andesmas, le roman de Marguerite Duras. Ces matériaux hétérogènes se superposent tissant d'étranges correspondances entre mémoire et temps. Car si Raimund Hoghe a choisi un art de l'éphémère, il reste convaincu que les émotions contenues dans les ouvres sont éternelles.