Le Quai CDN

La nuit de Madame Lucienne

Copi / Thomas Jolly

INFORMATIONS PRATIQUES

T900

1H30

du mercredi 15 juillet au samedi 29 août | du lundi au vendredi à 20h30 et le samedi à 18h | relâche du 2 au 17 août inclusPROLONGATIONS ! La nuit de Madame Lucienne continue du 1er au 12 septembre.ATTENTION : les horaires de septembre changen

mercredi 15 juil. 20

18:30

PRÉSENTATION

DISTRIBUTION / PRODUCTION

Thomas Jolly convie le public à retrouver le chemin du théâtre par l’envers du décor… Cette comédie policière de l’auteur argentin Copi est la première création (impromptue !) du nouveau directeur du Quai CDN. Un hommage à l’acte de création théâtrale… À moins qu’il ne s’agisse d’un saccage ! Le metteur en scène Thomas Jolly renoue avec un désir de longue date auquel la situation inédite de post-confinement donne aujourd’hui tout son sens. La nuit de Madame Lucienne de Copi est une courte pièce acerbe dont l’intrigue se déploie dans un théâtre... vide. À une semaine de la première, un machiniste, un auteur et une comédienne répètent jusque tard dans la nuit une pièce qui peine à voir le jour. Au fil de la répétition, les esprits s’échauffent et d’étranges appels téléphoniques sèment le trouble jusqu’à la découverte d’un cadavre… Fatigue, angoisse, alcool font s'entremêler réalité et fiction au point de les confondre dans un onirisme grotesque et noir. Il se passe d’étranges choses, la nuit, dans un théâtre ! Copi, en se jouant des codes du théâtre, déjoue en permanence nos attentes de spectateur. Sa plume insolente et acide fait glisser l’intrigue jusqu’au point de création absolue : plus de limites, plus de logique, plus de bienséance. TOUT peut arriver dans cette nuit de Madame Lucienne !   Au-delà des retrouvailles avec le lieu et l’art vivant, Thomas Jolly et sa troupe, désormais ancrés au Quai, offrent ainsi aux spectateurs une rencontre jubilatoire dans les coulisses de l’illusion scénique ! Pour lire l'entretien avec Thomas Jolly, cliquez sur Lire la suite

ENTRETIEN AVEC THOMAS JOLLY PROPOS RECUEILLIS PAR JENNY DODGE, JUILLET 2020 Pourquoi avoir choisi de monter cette pièce ? Je connais cette pièce depuis longtemps. Il s’agit d’un désir de longue date. Je la découvre en tant qu’élève à l’école du TNB en 2004 lors d’un stage sur cet auteur mené par Stanislas Nordey. Je suis fasciné par ce théâtre “exacerbé”, très âpre sous ses aspects ludiques. Après avoir créé Arlequin poli par l’amour de Marivaux, je relis cette pièce en 2007, au moment où l’on s’interroge sur la seconde création de la compagnie (La Piccola Familia). Je voulais alors travailler sur la question du théâtre. Ce que c’est qu’être acteur, le rapport au public… Deux pièces sont alors en lice : Toâ de Sacha Guitry et La nuit de Madame Lucienne de Copi. Nous choisissons celle de Guitry. Mais La nuit de Madame Lucienne m’a toujours accompagnée... J’ai comme un petit coffre imaginaire rempli de pièces de théâtre qui attendent leur moment : il m’a semblé que le moment était venu pour elle. Cette création s’inscrit dans un contexte particulier, avec un double enjeu. D’une part, nous venons de traverser une période d’arrêt, de désoeuvrement – au sens propre, comme au figuré. D’autre part, c’est ma première création en tant que nouveau directeur du Quai. Cette “Nuit de Madame Lucienne” me semble être l’objet idéal pour fêter les retrouvailles de ce théâtre avec le public mais aussi pour faire connaissance avec lui. En quoi cette pièce te séduit-elle précisément ? Pour être honnête, la première évidence était que cette pièce se passe une nuit, au cours d’une répétition dans un théâtre... vide. Et ce théâtre l’est, depuis le mois de mars. J’ai voulu faire de ce dépit un avantage scénographique : la salle 900 est un outil merveilleux, un « ventre », que le public, logiquement, ne connaît pas vide. Installés de chaque côté de la scène, les spectateurs adopteront le point de vue habituel pour les artistes pendant les répétitions, face à l’immensité d’une salle vide. De même, pour fêter ce retour au théâtre en pénétrant les secrets d’une drôle de répétition, je trouvais pertinent que le public emprunte un autre chemin : celui des loges, des coulisses, de l’arrière-scène... Appréhender ce spectacle par l’envers du décor. Et c’est justement, ce à quoi nous convie Copi, et ce qui me séduit absolument dans cette pièce. En posant le cadre d’une répétition entre un auteur, une comédienne et un machiniste, Copi, avec l’insolence de ceux qui révèlent les trucs des tours de magie, dévoile ce que le public ne voit jamais : l’euphorie des trouvailles, les épuisements et les crises de panique, les débats qui paraissent futiles mais qui sont fondamentaux pour une équipe de création, les bonnes et les mauvaises idées, les batailles d’égo, les cafouillages techniques, les trous de textes, les doutes et les impasses du travail de création... Et quelle création puisque cette équipe répète une pièce (d’ailleurs toujours inachevée à une semaine de la première) qui se passe sur la lune ! En grossissant le trait, Copi invite à la démesure monstrueuse des personnages, à la débauche scénique... En toute bienveillance, j’ai demandé aux acteurs et actrices de travailler sur leurs travers, leurs défauts. Et pour ne pas être en reste moi-même j’ai trouvé là l’occasion de pasticher mon propre travail de mise en scène ! De plus, c’est un huis clos. C’est une forme qui me passionne pour la question de l’unicité de temps entre l’action et le spectacle. Pas de flash back, pas de sauts dans le temps ni dans l’espace. Le huis clos provoque un rapport d’immédiateté entre les acteurs et le public. Les acteurs sont dans une action continue comme une grande séquence de cinéma. Le travail scénographique est à envisager autour d’un même espace et donc de son évolution alors que je suis plutôt très friand de décors multiples. C’est un défi pour moi. Habituellement, tes créations s’échafaudent sur plusieurs années... tu as décidé de créer ce spectacle il y a quelques semaines. Comment s’est organisé le travail ? Lorsqu’avec l’équipe du Quai nous avons entrepris de monter cette saison estivale, il m’a semblé évident qu’en tant qu’artiste-directeur, je propose moi aussi un spectacle. Le temps était court, mais l’envie était grande. Les acteurs et actrices de la troupe du Quai devaient arriver en septembre mais ils ont accepté de venir à Angers plus tôt que prévu. Avec l’équipe technique du Quai, nous avons farfouillé dans les stocks de décors et de costumes et nous avons tout construit “maison”. Créer ensemble, dans cette urgence, est un excellent moyen de se rencontrer ! C’est ma nouvelle grande chance, en tant qu’artiste-directeur, de disposer d’un outil de travail fabuleux et d’avoir à mes côtés une équipe très compétente. D’autres pièces traitent de l’acte de création théâtrale : Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, tu as cité Toâ de Sacha Guitry que tu as monté en 2009, L’illusion Comique de Corneille... Avec cette pièce, quelle singularité apporte Copi à cette thématique ? Je qualifie cette pièce d’hommage à la création théâtrale. À la création – tout court ! D’autant que la pièce qu’ils répètent est en cours d’écriture. Mais, parce que Copi en est l’auteur, cet hommage prend aussi des allures de saccage. En posant le cadre d’une répétition en cours, Copi s’octroie tous les possibles ! Absolument tous les possibles ! L’acte de création étant par définition, illimité, il en use, en abuse même, il entrelace sans cesse la réalité et la fiction, au point de les confondre. Il provoque un effet de mise en abyme infini, comme quand on place deux miroirs face à face. Dès lors, il explose les codes, les genres, les schémas narratifs, il dynamite les parcours et les constructions de personnages, il bouscule les attentes des spectateurs... il fait donc, absolument, insolemment, librement du théâtre ! J’ai rarement lu une pièce qui au fil de l’action, se défait à ce point de ses aspects réalistes pour faire basculer l’intrigue vers tant d’imprévisibilité. Tout peut arriver dans cette “Nuit de Madame Lucienne”... même Madame Lucienne ! Car si la pièce est une déclaration d’amour au théâtre, à l’acte de création, c’est aussi une déclaration de guerre ! Et comme souvent chez Copi, le rire, la jubilation, l’euphorie, sont corrosifs. Le discours de la femme de ménage, qui chaque nuit, après la répétition, nettoie le faux sang et la fausse neige, est une gifle pour le théâtre. La façon dont Copi l’introduit dans la pièce le rend très percutant... et vient interroger politiquement nos métiers de spectacles et nos maisons de théâtre : cet art de la représentation, est-il toujours représentatif ?

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1H30

du mercredi 15 juillet au samedi 29 août | du lundi au vendredi à 20h30 et le samedi à 18h | relâche du 2 au 17 août inclusPROLONGATIONS ! La nuit de Madame Lucienne continue du 1er au 12 septembre.ATTENTION : les horaires de septembre changen

mercredi 15 juil. 20

18:30