KINGDOM

Tout plaquer pour renouer avec la nature et construire un monde à soi : ce fantasme répandu, la famille protagoniste de Kingdom l’ a réalisé. Le spectacle débute quand s’effondre l’utopie.

Au contact de la nature, les personnages de Kingdom ont cru pouvoir s’extraire du monde. Le projet : vivre en pleine humanité, dans l’apaisement et la sagesse. Dans ses bagages, la famille a aussi apporté la jalousie, la possessivité, les interdits et les tentations. Ainsi se pervertit l’aventure devant nos yeux... Et devant ceux d’une équipe de tournage, venue réaliser un documentaire sur ce projet idyllique. Les adultes détruiront le royaume. Ce sera donc aux enfants, présents sur scène, qu’il appartiendra de préserver le rêve. Malédiction ou bénédiction, cet héritage en fait les véritables héros et héroïnes de Kingdom, d’une genèse sans cesse reprise et recommencée. Une jeunesse que nous devons apprendre à entendre pour nous affranchir de nous-mêmes. Sur le plateau, Anne-Cécile Vandalem utilise la vidéo avec une maîtrise exemplaire : elle en fait un outil au service exclusif, de la narration. Un moyen de décupler la portée, la puissance et l’humour de son propos. Depuis 2016, avec Tristesse puis Arctique, elle explore les grands échecs de notre temps, la fin de l’humanité qui paraît désormais possible, et les dystopies. Au coeur d’une somptueuse scénographie, Anne-Cécile Vandalem déploie une atmosphère fascinante de thriller familial sur les terres sauvages de Sibérie et réussit l’exploit d’installer un huis clos en pleine nature. Une écho-fable saisissante pour faire état « du monde que nous laissons à nos enfants et de toutes les promesses de progrès que nous leur avons faites sans réussir à les tenir. »