ICI COMMENCE LE PAYS DE LA LIBERTÉ

Le formidable conteur et comédien Jean Le Peltier continue à poser les bases d’un théâtre suggestif qui aime raconter des histoires en tout genre. On retrouve ici le côté décalé de Zoo, accueilli la saison dernière au Quai, qui lui fait porter un regard inédit sur le plus banal.

Une fête folklorique qui part en vrille, des souvenirs déformés, des existences aussi ordinaires que tragiques. Un huis clos spectral où trois personnages, tout à la fois drôles, maladroits, méditatifs ou vindicatifs, esquissent une tentative de réconciliation avec eux-mêmes. Avec trois fois rien, des voix venues d’ailleurs, quelques accessoires au fort pouvoir symbolique, des astuces qui font valser les arbres, et l’invention d’un espace romantique qui fait place à la sensation, Jean Le Peltier dénoue notre manière de nous fabriquer des récits, pour nous rassurer ou conjurer le sort, et notre façon de voyager dans les représentations des autres. Sa liberté d’écriture nous fait passer de l’intime du monologue à la reconstitution historique, brouille les frontières entre les époques et les niveaux de réalité. Il déconstruit nos fictions, distord nos projections, dans une pièce singulière et drôle qui démontre la puissance de la parole.