EN ATENDANT

Espace dénudé, souffle primordial et palpitation des corps, En atendant fait résoner le temps, à l'écoute des mystères de l'ars subtilior. Pour Anne Teresa De Keersmaeker, chaque partition choisie est l'occasion de célébrer de nouvelles alliances entre musique et danse. Mémoire, espace et temps. Pour cette création, un lieu particulier a orienté le choix musical de la chorégraphe belge : Avignon où elle présentait cette nouvelle pièce l'an passé. ?íuvre créée dans la plus grande simplicité, avec le désir de s'extraire de tout artifice, pour mieux dialoguer avec ses matériaux de prédilection. Danses de groupes essentiellement, entrelacées, respirant entre ciel et terre, évoluant au rythme naturel du déclin du jour. Par la suite, magistralement transposée sur scène, En Atendant a prolongé son office. Car si la musique est à l'origine de chaque pièce d'Anne Teresa De Keersmaeker, son écoute éclairée met sa danse en mouvement avec un vocabulaire spécialement créé à cet effet. Ici la chorégraphe se consacre au raffinement des polyphonies du XIVe siècle à travers l'ars subtilior dont elle évoque le maniérisme formel et l'extrême raffinement, tel un mystère étrangement surgi au cour d'un monde dont les structures vacillent jusqu'à parfois s'effondrer. Phénomène qui selon elle fait écho à un certain sentiment d'aujourd'hui. C'est ce mouvement de rapprochement entre deux époques que la chorégraphe cherche poétiquement à faire rimer, avec ses écarts entre art et société, à la lisière entre ce qui naît et disparaît, jusqu'au plus sobre dénuement des corps nocturnes dansant, peu à peu absorbés par l'espace.