Le Quai CDN

CE QUE J'APPELLE OUBLI

De Laurent Mauvignier | Mise en scène Nicolas Berthoux

INFORMATIONS PRATIQUES

T400

2H30

Lun. au mer. 19H30 | Jeu. et ven. 20H30 | Sam. (!) 18H | Scène de répétition NTA Rencontre à l’issue du spectacle le mercredi 18 mars.

lundi 16 mars 15

18:30

PRÉSENTATION

DISTRIBUTION / PRODUCTION

Un homme dans un supermarché meurt sous les coups de vigiles. Un récit d’une extrême force qui nous met peu à peu dans la tête de cette victime. Publié aux édition de Minuit, un auteur qui compte dans la littérature contemporaine.

Dans un supermarché à Lyon, en 2009, un « marginal »  vole une bière dans un rayon, et commence à la boire sur place ; quatre vigiles arrivent et l’entraînent dans la réserve pour le corriger, ils le tabasseront… à mort. Ce que j’appelle oubli n’est pas le récit de ce drame, il en parle, ça en parle... Avec une phrase, seule et unique, qui commence sans majuscule, se poursuit au long de soixante pages, racontant, non détaillant, un fait divers aussi violent que banal. La phrase, toujours la même phrase, adressée au frère de la victime, attire, aimante à elle quantité d’impressions, de souvenirs, d’images qui nous mettent peu à peu dans la tête de cette victime. Le comédien angevin Nicolas Berthoux, interprète remarqué de L’inquiétude de Valère Novarina en 2001, a demandé à Caroline Gonce, fine metteuse en scène au NTA de pièces de Marie N’Diaye (Toute vérité) et Enzo Cormann (Bluff), de l’accompagner dans cette traversée d’un texte d’une force exceptionnelle. Prolonger sur scène – physiquement – la vibration de cette phrase unique, voilà leur cap. Un monologue splendide. PROGRAMME DE SALLE Un jeune homme se trouve presque par hasard, au gré de sa marche, dans un supermarché. Parce qu’il a soif, subitement, il ouvre une canette de bière et boit. Quatre silhouettes. Quatre costumes sombres. Quatre pantalons noirs. Quatre chemises blanches surmontées d’une cravate noire. Quatre vigiles arrivent, rapidement, jusqu’à lui. Ils l’interpellent. Ils l’emmènent, non pas au poste de sécurité, mais loin, loin au fond d’une réserve – Il ne peut se douter ni imaginer qu’il ne lui restera bientôt que la nudité et la froidure sur un matelas de fer ou d’inox – Loin de narrer ou de commenter un fait divers, loin du voyeurisme et d’un traitement faussement empathique, loin d’un pathos qui l’aurait banalisée, la fiction de Laurent Mauvignier est écrite sur une portion de phrase. Une portion prononcée en un seul souffle – un souffle écrit sur soixante pages mais qui dure bien au-delà, un souffle qui ne se perdra ni ne s’éteindra – une phrase prise alors qu’elle a déjà commencé – et ce que le procureur a dit, c’est qu’un homme ne doit pas mourir pour si peu – Cette voix qui surgit de nulle part est celle du narrateur s’adressant au frère cadet de la victime. Elle semble être un cri de révolte contre ce que les autres appellent fatalité, être une dénonciation d’un monde – dans lequel évolue une foule anonyme, indifférente – où chacun peut basculer d’un jour à l’autre dans l’oubli, être un écoeurement d’une violence dérisoire au point d’en devenir banalité. En fixant l’horreur sur ce – pour si peu – sur cette bière, le procureur et tout ceux qui ont, de près ou de loin, donné leur avis sur ce fait divers, nient que cet homme avait une vie... mais une vie dans laquelle tout le monde s’ignore, dans laquelle les êtres se croisent sans se voir, une vie d’indifférence qui conditionne celle en société – ce que j’appelle oubli – C’est une société abrutissante et aliénante, égoïste et égocentrique, que nous dépeint Laurent Mauvignier. Cette société est la nôtre. Nous y vivons sans même avoir conscience que nous la subissons. Le constat est sans appel. Nous assistons impuissants au drame qui se joue tous les jours devant nos yeux d’aveugle, et la parole du défunt nous le rappelle avec force et fracas – ma mort n’est pas l’événement le plus triste de ma vie, ce qui est triste dans ma vie c’est ce monde avec des vigiles et des gens qui s’ignorent dans des vies mortes comme cette pâleur – La mise en accusation est énoncée et met mal à l’aise. Elle est un immense aveu d’échec et ce vide ne sera comblé par quelque lueur d’espoir que ce soit – tu ne crois pas que si les gens voulaient ça vaudrait le coup d’attendre le plus longtemps possible de ce côté-là de la vie ? Mais ça, c’est encore une façon d’espérer un truc, comme au dernier moment, quand il y avait cette voix qui continuait et répétait, pas maintenant, pas comme ça – Si ce n’est par ce texte. « J’écris pour agir » disait Voltaire, Ce que j’appelle oubli n’est pas autre chose qu’un acte de résistance. Nicolas Berthoux. Nicolas Berthoux, metteur en scène et comédien À sa sortie du Conservatoire National de Région d’Angers, il joue le rôle de Solange dans Les Bonnes de Jean Genêt. À la suite de quoi s’enchaîneront de nombreux spectacles, parmi lesquels Mariage à Sarajevo de Ludwig Fels et Portrait d’une femme de Michel Vinaver, mis en scène par Claude Yersin, ou L’inquiétude de Valère Novarina. En 1997, il initie la compagnie Mêtis avec le désir d’interroger le monde contemporain, et met en scène près d’une vingtaine de spectacles d’auteurs comme Michel Azama, Valère Novarina, Philippe Minyana.... Depuis la naissance de la compagnie Mêtis, il s’attache à un échange avec des artistes issus d’autres disciplines. Les spectacles sont des objets hybrides mêlant à tour de rôle ou en même temps théâtre, danse, vidéo, musique électronique... Depuis 2009, un travail sur la mémoire est engagé. Il invite son ami Marc Béziau (auteur) à écrire ce qui deviendra Bab’el porte - Mémoires d’Algérie. Cette réflexion et ce travail sur la mémoire donnent lieu à une collaboration qui dure jusqu’à ce jour, et à de nouvelles créations : Abdesslem, l’oublié ou les mémoires d’un ancien tirailleur marocain, 36 poses ou ces bribes de souvenirs personnels qui font que chaque petite histoire forme l’Histoire, et en 2104 RPG14 ou le jeune homme et la machine à tuer, une réflexion sur ce que peut apporter une vision de la jeunesse de l’époque à celle d’aujourd’hui. C’est dans la continuité de cette réflexion sur la mémoire qu’il monte aujourd’hui Ce que j’appelle oubli de Laurent Mauvignier.

INFORMATIONS PRATIQUES

T400

2H30

Lun. au mer. 19H30 | Jeu. et ven. 20H30 | Sam. (!) 18H | Scène de répétition NTA Rencontre à l’issue du spectacle le mercredi 18 mars.

lundi 16 mars 15

18:30