AKILA LE TISSU D'ANTIGONE

Que faire des morts ? Pour Antigone, la réponse était claire : tous et toutes méritent les rites funéraires, peu importent leurs crimes. Marine Bachelot Nguyen transpose cette tragédie familiale et politique dans la France de 2010. Avec, en héroïne déchirante, la soeur d’un terroriste islamiste.

Après qu’un énième attentat islamiste a endeuillé le pays, les lycées organisent une minute de silence. Durant ce moment de recueillement pour les victimes, l’adolescente Akila se vêt lentement d’un voile musulman. Elle est la soeur d’un des terroristes, abattu par la police lors de l’attaque. Elle est aussi la seule à vouloir rendre les hommages funèbres au jeune tueur. Le proviseur, lui, entend bien faire respecter l’ordre dans son établissement, son territoire. Akila est une tragédie contemporaine, une adaptation réaliste et fidèle du mythe d’Antigone. On y trouve, comme dans la tragédie originelle de Sophocle, Akila en Antigone, mais aussi Créon dans la figure du proviseur, un frère déchu et un autre respecté, tous deux disparus. Ainsi que les conflits entre la jeunesse et l’âge mûr, l’entrechoquement constant entre les différents devoirs qui sont les nôtres - envers la société, envers la famille, envers les traditions, envers l’exigence suprême de la liberté. La justice et l’injustice, les dilemmes absolus, et nos plus prégnants tabous, sont le décor d’une pièce qui prend place là où la France se déchire. Ne fermons pas les yeux. Rencontre jeudi 14 octobre à 18h30 dans la serre avec l'équipe artistique du spectacle