exposition Jeune public
Le grenier animé

de Jiří Barta - Exposition Rétrospective (1980 – 2010)

08 Jan. ► 22 Fev. 2015

 

Du jeudi 8 janvier au samedi 7 février inclus :

Du mar au ven 11h30 – 19h
Sam et Dim 15h – 18h
Et les soirs de spectacles

Du dimanche 8 au dimanche 22 février inclus :

Du Mar au Dim 15h – 18h

Master Class (tout public et scolaires) jeudi 22/01 de 10h à 12h30 en T900, gratuit sur réservation auprès de la billetterie

© DR

L' exposition Le grenier animé propose de transmettre aux visiteurs une vision romantique de la fabrication d’un film d’animation avec marionnettes en écho au film d'animation de Jiri Barta, Drôle de grenier. Dans le cadre du Festival Premiers Plans d'Angers.

Note d'intention : 

Du temps de mon enfance, les vieux greniers étaient remplis de meubles abandonnés, de vieux vêtements et de tout un bric-à-brac incroyable, et tout cela constituait pour moi (et sans doute pour nombre d’entre vous aussi) une invitation à de romantiques jeux d’enfants où l’on devenait mécanicien de train, pilote, navigateur ou pirate, cowboy ou sorcier omnipotent. La force tout puissante de l’imagination surmontait l’apesanteur et toutes les lois de la physique et nous faisait vivre, dans nos visions, de formidables aventures : les vieux vaisseliers se changeaient en hautes montagnes, un poêle à charbonse transformait en locomotive à vapeur, et un vieil aspirateur décollait soudain pour voler dans les airs tel un avion à réaction.

 

Le film DRÔLE DE GRENIER, que nous nous sommes mis à imaginer et à écrire avec mon collègue et camarade Edgar Dutka, nous a permis de retourner dans notre enfance le temps de plusieurs mois, de voler à nouveau à bord du vieil aspirateur, ou d’émerger en sous-marin à la surface d’une baignoire écaillée remplie d’eau de pluie, afin de délivrer une petite poupée de bakélite tenue captive dans l’empire du busteen plâtre de quelque fonctionnaire arrogant.

Nous sommes redescendus de notre rêverie romantique vers la réalité lorsque nous nous sommes mis à la recherche d’un producteur à même d’accepter de soutenir un film fait d’objets mis au rebut et non de jouets animés, jolis et colorés.

Après six ans de démarches, nous le hasard nous est venu en aide, ainsi que la compagnie Bio Illusion et son directeur, monsieur Miloslav Šmídmajer, et en 2007, le tournage de DRÔLE DE GRENIERa pu commencer.

Notre exposition ne rend pas compte de ce qui se déroula au cours des deux années qui suivirent, mais se propose de transmettre aux visiteurs une vision quelque peu romantique de la fabrication d’un film d’animation avec marionnettes et de rappeler, de manière euphémique, certains moments forts du tournage.

Le Petit-déjeuner dans une valise, La Gare et sa locomotive ou Monsieur La Tête en plâtre et son armée de sorcières-pommes de terres ont autant de scènes en volume qui forment la partie principale de l’exposition, accompagnées de photographies et d’une vidéo du tournage. En plus des dessins préparatoires et d’extraits du story-board, ces installations sont complétées par mes illustrations du livre DRÔLE DE GRENIER, qui ne virent le jour qu’une fois le film achevé.

La seconde partie de l’exposition –dédiée à mes films plus anciens–fut plus complexe à mettre en place. En effet, je ne possède pas les marionnettes et décorations de ces films (ils appartiennent pour la plupart à mon ancien producteur–Krátkýfilm Prague) et ne me sont restés que leurs scénarios, des croquis préparatoires et quelques photographies précieuses du tournage du DISC-JOCKEY, du MONDE DISPARU DES GANTS, de KRYSAR, LE JOUEUR DE FLÛTE DE HAMELIN, du CLUB DES LAISSÉS POUR COMPTE et de l’inachevé GOLEM qui, depuis de nombreuses années, attend toujours son pécunieux producteur.

Bien que cette seconde partie soit composée de ce qui m’est resté dans mes tiroirs et qu’elle soit peut-être parlante avant tout pour les spectateurs qui connaissent déjà mes films, je crois qu’elle ne perturbera pas la conception ludique de l’exposition et qu’elle complètera bien la projection rétrospective proposée ici également.

Jiri Barta 

BIOGRAPHIE / FILOMGRAPHIE DE JIRI BARTA

Jiří Barta fait partie, aux côtés de Jan Švankmajer, des plus remarquables auteurs du cinéma d’animation tchèque des dernières décennies.

Né en 1948, il fait ses études  à l’Ecole des arts décoratifs de Prague tout en participant, en parallèle, à l’aventure artistique de la troupe de Karel Makonj, née du Printemps de Prague, et qui prône un théâtre de marionnettes pour adultes en adaptant des auteurs comme Camus et Ghelderode. Cette expérience est déterminante pour Jiří Barta.

Dès le milieu des années 1970, son œuvre naissante témoigne d’une inclinaison pour un cinéma d’animation adulte porté vers l’expérimentation. L’enjeu, pour Jiří Barta, est de  trouver pour chaque film l’esthétique qui découle de son propos, se rapprochant en cela de la démarche de Garri Bardine : un disque vinyle lui inspire le motif du cercle autour duquel Le Disc-Jockey (1980), offre la vision d’un quotidien sans horizon ; le tracé d’un plan d’architecte sert quant à lui de point de départ à l’évocation de l’univers carcéral des grandes barres d’immeubles (Le Projet, 1981)…

Stanislav Látal, ancien animateur de Trnka, dira à son propos « Bien qu’il incarne l’anti-Trnka, son approche esthétique est dans sa continuité directe. Il a l’art de penser chaque nouveau film à l’avance, a une imagination visuelle exceptionnelle et sait choisir avec précision le style esthétique adéquat selon le sujet abordé ».

En 1982 Jiří Barta entre au studio Krátký film. Sa « manière » se précise alors avec les films qu’il y réalise successivement : Le Monde perdu des gants (1982), Ballade du bois vert (1983), Krysař, le joueur de flûte de Hamelin (1985), moyen métrage inspiré de la légende médiévale par lequel il acquiert une notoriété internationale, Le Dernier larcin (1987), et enfin Le Club des laissés pour compte (1989). Un univers très personnel s’y déploie, conjuguant souvent prise de vue réelle et animation, empreint de noirceur, de références au passé et notamment à celui du cinéma, teinté d’expressionisme et de surréalisme. Le mal-être joue des correspondances entre la condition humaine, celle des objets et des matériaux, dans un univers à la fois hybride, chimérique et organique où l’animation semble vouloir exhausser la « sève » de la vie.

A partir de 1987, Jiří Barta se lance dans un ambitieux projet de long-métrage adapté du Golem de Gustav Meyrink, mais dans la nouvelle situation d’économie de marché advenue après la chute du régime communiste, et bien que ses films précédents aient obtenu des distinctions internationales, il ne parvient pas à trouver les financements nécessaires. Il ne peut en tourner qu’un pilote de six minutes (1996) d’une beauté saisissante qui donne la mesure de ce que pourrait être ce « grand œuvre » du réalisateur. Sans en abandonner le projet, Jiří Barta s’attelle à d’autres travaux.

En 1988, il est invité à participer au film collectif Autoportraits animés, aux côtés de grands maîtres tels que Bill Plympton, Osamu Tezuka, Kihachiro Kawamoto, Priit Pärn... Il crée le logo de MTV (1996), tourne un film de 20 minutes pour un spectacle sur l’explorateur Ibn Battûta (1998), un conte pour la télévision du Burkina Faso (Le Tyran et l’enfant, 2000) et pour l’exposition universelle d’Aichi (L’Année tchèque, 2005), il s’essaye à l’animation en 3D avec Cuisine, petite maison ! (2007) tout en enseignant à l’Ecole des Arts décoratifs de Prague puis à l’Université de Plzeň.

En 2009, il effectue son grand retour sur la scène internationale avec un long-métrage, Drôle de grenier, ou les aventures épiques d'un groupe de jouets oubliés, Grand prix au Festival international du film pour enfants de New York, puis Yuki onna, la femme des neiges (2013), où il anime des feuilles de cire sur lesquelles sont projetées des images réelles. Ses réalisations formellement de plus en plus ambitieuses restent animées par le même esprit de recherche qui fait de Jiří Barta un maître toujours en mouvement.

Xavier KAWA-TOPOR et Jean-Gaspard PÁLENÍČEK

 

Filmographie

Les Spiritueux [Špirituály], 1975

Devinettes pour un bonbon [Hádanky za bonbón], 1980

Le Disc-jockey [Diskžokej] , 1980

Le projet [Projekt], 1981

Le Monde disparu des gants [Zaniklý svět rukavic], 1982

Ballade du bois vert [Balada o zeleném dřevu]

Krysař, le joueur de flûte de Hamelin [Krysař], 1985

Le Dernier Larcin [Poslední lup], 1987

La Cabane aux loups [Vlčí bouda] de Věra Chytilová, 1987 (décorateur)

Autoportrait, [Autoportrét], 1988

Le Club des laissés pour compte [Klub odložených], 1989

Le Labyrinthe [Labyrint] de Jaromil Jireš, 1991 (séquences animées)

Logo MTV, 1996

Le Golem [Golem], 1996

Le Tyran et l’enfant [Tyran a dítě], 2000

L’Année tchèque [Český rok], 2005

Cuisine, petite maison ! [Domečku, vař!], 2007

Drôle de grenier [Na půdě aneb Kdo má dneska narozeniny], 2009

Yuki Onna – La Femme des neiges [Yuki Onna – Sněžná žena], 2012

 

En partenariat avec Xavier Kawa-Topor, le Festival Premiers Plans d'Angers et le Centre tchèque de Paris