L’auteur et metteur en scène avait déjà revisité les mythes d’Iphigénie et de Médée, en réécrivant leurs trajectoires. Abordant Bérénice, il s’empare cette fois du texte originel de Racine qu’il monte dans son intégralité,  respectant la métrique des alexandrins. Pour lui, si Titus renonce à épouser Bérénice, après cinq ans d’une passion entretenue par un obstacle de taille - Vespasien, son propre père - ce n’est pas seulement à cause du refus du Sénat romain ; c’est d’abord parce qu’il a intériorisé l’interdit, et aussi par peur que la perfection de leur amour se gangrène au contact du quotidien. Jean-René Lemoine met en scène l’inconstant empereur de Rome, le désespoir de sa bien-aimée et l’amoureux éperdu Antiochus, pour dire l’épuisement et la tristesse infinie de la séparation. Il fait de l’œuvre une boucle hypnotique, qui brouille l’espace-temps. Les six interprètes, fraîchement sortis d’école ou fidèles de ses spectacles, s’affrontent dans l’immensité nue d’un plateau doré qui sert d’écrin à leurs voix et à leurs corps. La distance qui sépare les corps en accentue l’aimantation.  Le jeu, tout en retenue, est parfois traversé par la démesure, la fureur et le cri.

  MERCREDI 02 AVRIL : RENCONTRE AVEC L'ÉQUIPE ARTISTIQUE À L'ISSUE DE LA REPRÉSENTATION